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Le Blog de Manganist
1 décembre 2012

L’occident rêvé par les japonais et le Moe-manga : Gisele Alain

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Depuis la restauration de l’ère Meiji (1868), une ambivalence s’est installée dans l’esprit des japonais, mêlant à la fois admiration et complexe vis-à-vis de l’Occident. Même sans parler de l’écrivain Mishima, qui, nourri de la culture occidentale, mit fin à ses jours par le rituel de seppuku (injustement connu sous le nom de harakiri), ce sentiment ambivalent sous-tend la culture japonaise moderne.

Beaucoup de japonaises ont visité Paris et le château de Versailles parce que c’est là que se déroule l’histoire de Lady Oscar, le fameux manga shôjo des années 70 (moi aussi je suis fan de ce manga et j’en ai fait le pèlerinage, bien que je ne sois pas une fille). Je ne parlerai pas des japonaises venues en France pour trouver leur André (si vous ne connaissez pas Lady Oscar, c’est le partenaire fidèle, romantique et éternel d’Oscar), parce que cela finit dans la plupart des cas par une désillusion complète.

Dans le monde du manga shôjo, l’Europe était à la mode dans les années 70, avant d’être supplantée par les Etats-Unis  dans les années 80.. Lady Oscar s’inscrit donc dans cette lignée du manga shôjo des années 70.

Gisele Alain, le manga en cours que je voudrais vous présenter ici, n’est pas tout à fait dans le genre de shôjo (il paraît dans Fellows, un magazine qui se veut unisexe quant au public visé mais dans lequel les dessinatrices sont majoritaires, avec pour porte-étendard Emma de Kaoru Mori), mais en terme de codes culturels, c’est un héritier des manga shôjo 70’s, puisqu’il a justement comme toile de fond l’Europe de la fin du XIXe ou du début du XXe.

Si vous voulez connaître l’histoire, Gisele Alain, une petite fille, se lance dans le métier de détective privée. Le nom des personnages sonne français comme Gisèle, Eric, Colette, mais l’écriture est en anglais comme « All Trades »,

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(image : v01, p.41)

C’est donc un pays d’Europe, mais fictif, imaginaire, voire le pur fantasme d’une imagination typiquement japonaise. Mais là où Gisele Alain s’écarte un peu du manga shôjo des années 70, c’est dans le traitement du personnage principal.

Dans Lady Oscar, par exemple, les personnages comme Oscar ou Marie-Antoinette étaient ceux à qui les lectrices pouvaient s’identifier. L’objectif de l’auteur était donc de faire vivre aux lectrices les vicissitudes de ces personnages féminins (dont l’amour passionné, tragique et fatal) dans un décor étranger.

La localisation dans une Europe fictive permettait de mettre en scène un amour exacerbé qui ne sied pas forcément aux visages plats de Thermae Romae. Mais Gisèle n’a pas pour but qu’on s’identifie à elle, elle est plutôt un objet offert au regard du lecteur. Cette petite fille montre parfois une attitude sensuelle voire sexuelle.

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(image : v01, p13 et v02, p145, quel est l’intêret de la montrer dans ces états ?).

C’est la raison pour laquelle je classe ce manga dans la catégorie Moe (dont l’objectif est de donner à voir des filles conformes aux désirs et fantasmes masculins), même si l’auteur est féminin. Mais le décor européen fictif est aussi important que le personnage de Gisele dans ce manga. On peut même dire que ce décor est le personnage principal de ce manga. C’est un objet de désir des japonais(es).

J’avoue que Gisele est très séduisante (c’est pour cela que je suis otaku) mais en même temps je voudrais m’enfermer dans le rêve du manga shôjo sans connaître ce désir malséant...ce n’est qu’une petite fille...

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