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Le Blog de Manganist
3 février 2013

Wolfsmund

 

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Comment représenter dans le manga le Moyen-Age ? : Wolfsmund

L’Europe médiévale est un sujet qui attire l’attention de certains mangaka. Pour les manga en cours qui traitent ce sujet, nous avons d’abord Vinland Saga de Makoto Yukimura, qui parle de l’histoire des viking. Cette série est captivante au niveau du récit et me donne une vive envie de connaître la suite, mais dans cet article je voudrais parler d’un autre manga qui a le Moyen-Age comme sujet, Wolfsmund de Mitsuhisa Kuji.

Concernant le détail de l'histoire, je vous laisse consulter cette page. Je souhaite quant à moi mettre l’accent sur la manière de représenter le monde médiéval dans cette oeuvre.

Lorsque j'ai découvert le premier épisode, j’étais très étonné, parce que les personnages que je considérais comme principaux, autour de qui l’histoire allait se dérouler, sont exécutés. Après, en avançant dans ma lecture, j’ai compris que cette série n’avait pas l’intention de parler d’un personnage en particulier.

Dans chaque épisode, il y a un ou des Suisses,appartenant au camp rebelle, qui tentent de franchir la frontière, et chaque tentative est empêchée par le gardien de la forteresse. L’épisode se termine souvent par l’exécution de ces rebelles. La scène d’exécution ou de torture est assez cruelle pour interdire la lecture aux enfants de moins de 15 ans, mais pour moi, l’essentiel du Moyen-Age représenté dans ce manga n'est pas la cruauté. Parce que la cruauté existe même dans le monde actuel, et je ne crois pas que ce soit un élément typiquement médiéval. Il suffit de mentionner que l’invention de guillotine date du XVIIIe siècle, et que c’est en 1793 que la tête décapitée de Louis XVI est exposée devant le public à Paris.

Certes, la cruauté est sans doute ce qui capte le plus facilement l’attention du lecteur , mais ce qui me paraît essentiel dans la représentation du monde médiéval, au moins dans cette oeuvre, c’est la négation de l’individualité moderne. Si la vie d’une personne est précieuse, c’est parce que cette personne est un individu unique, nullement remplaçable par un autre. Mais dans cette série, de nouveaux personnages apparaissent à chaque épisode et meurent, de manière héroïque ou non, dans le même épisode. L’individualité de chaque personnage se fond dans l’ensemble du mouvement rebelle suisse contre l’autorité autrichien. Le monde médiéval est représenté ici par le fait qu’un personnage meurt facilement.

 

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© 2010 Mitsuhisa Kuji / PUBLISHED BY ENTERBRAIN, INC.

(image: les personnages sont mis en scène pour être torturés et exécutés, pour ne pas leur attribuer une individualité)

Dans ce sens, c’est peut-être aussi faire fausse route que de voir dans le personnage du gardien de la forteresse une individualité quelconque. Il exécute les rebelles, mais il fait simplement et fidèlement son métier de gardien de la forteresse. Il appartient à un système social qui fonctionne avec une certaine cruauté, et si dans un épisode à venir il est tué par des gens de la résistance, cela m’étonnera pas. Un autre gardien lui succédera et l’histoire continuera.

Au début de la lecture je m’identifiais aux personnages rebelles, mais en cours de la lecture, je me suis rendu compte que ce qui me fait tourner la page, c'est le désir de voir comment les gens échouent dans leur tentative de franchir la frontière et comment ils sont exécutés. J’ai cessé de voir dans les personnages de ce manga l’individualité moderne. C’est un univers où l’espoir est inconcevable au niveau personnel et où le dynamisme n’existe qu’au niveau historique.

 

 

 

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