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Le Blog de Manganist
7 décembre 2012

Le manga gaguesque peut-il franchir la frontière? Les vacances de Jésus et Bouddha

 

Saint_Youngmen_01-000a

 

Le Japon est un pays polythéiste, et la tolérance (ou l’indifférence) des japonais sur la question de la religion est impressionnante. Ils fêtent Noël sans être chrétiens, puis vont au temple shintoïste au nouvel an. Quand j’étais petit, j'ai fréquenté successivement une crèche chrétienne, puis bouddhiste, et aujourd'hui je suis athée. Ainsi, pour les Japonais, la guerre entre les religions est quasiment inconcevable. Pour comprendre l’apparition du manga Les vacances de Jésus et Bouddha, il faut au moins connaître cette base culturelle japonaise.

Ce manga, dessiné par Hikaru Nakamura, est un gag manga (manga gaguesque). Normalement, les éditeurs français ne prennent pas le risque de publier les gag manga, car l’humour est très japonais et intraduisible. J’étais quand même étonné de l’existence d'uneversion française de Sayonara Zetsubô Sensei, un gag manga qui a eu du succès mais qui s’appuie largement sur des références culturelles (notamment à des manga et anime pas très récents). On peut comprendre et partager un récit malgré les différences culturelles, mais ce n’est pas le cas pour l’humour.

Les vacances de Jésus et Bouddha est donc un des rares gag manga publié en France. Maintenant, nous allons analyser pourquoi ce manga a été choisi pour être publié en France, un des pays qui aime le plus la culture pop japonaise, mais qui ne partage pas forcément le mêmehumour, du moins en profondeur.

D’abord, le fait que Jésus et Bouddha soient en colocation dans un petit appartement à la périphérie de Tokyo est assez comique au niveau du dessin.

 

Saint_Youngmen_01-063

(image)

Ils sont tous les deux habillés en T-shirt et jean, et la coiffure de Jésus est comme celle des rock-star des années 70 (donc anachronique). Réunir Jésus et Bouddha dans un même espace et dans cette tenue est donc quelque chose d’inattendu. Ainsi ce manga s’appuie sur l’antithèse entre la déité et la trivialité, l’auteur essayant de rester sur le seuil entre ces deux notions antithétiques par définition.

Ni Jésus ni Bouddha ne deviennent des êtres humains ordinaires, et l’effet comique de ce manga est fondé sur la coexistence de la déité et de la trivialité dans un même personnage. Jésus et Bouddha font un duo comique, le premier aimant dépenser alors que le second est plutôt radin, mais nous ne saurons jamais comment ils gagnent leur vie à Tachikawa (une ville de taille moyenne, pas très loin de Tokyo).

Ensuite, Jésus et Bouddha sont deux personnagesconnus des français, assez bien pour le premier et au moins de nom pour le second. Nous connaissons plus ou moins la biographie de l’un et l’autre. Il y a des références aux épisodes de la vie de Jésus dans la Bible, comme par exemple sa ésurrection, et ce genre d’anecdote est facilement identifiable. Néanmoins, ce fond culturel ne se met jamais en avant : pour ce manga, les épisodes écrits dans la Bible ou dans la vie de Bouddha ne sont pas essentiels. Tout est employé pour créer l’effet comique.

Enfin, ils sont à Tachikawa pour passer des vacances (après quelque mille ans de service pour l’humanité ?) et ils sont donc là comme touristes étrangers.

 

Saint_Youngmen_01-130

 

(image : ils se mêlent au défilé dans une fête du quartier)

Ici surgit le thème de la confrontation des cultures, un thème universel, même s’il n’est pas vraiment approfondi. Par cet aspect, ce manga est proche de Thermae Romae.

Finalement, malgré l’humour japonais qui l’englobe, il y a des éléments que les Français peuvent comprendre et apprécier.

Juste un conseil : commencez par lire le Bouddha de Tezuka avant de lire Les vacances de Jésus et Bouddha car Nakamura y fait beaucoup de références, et c'est plus drôle si on les comprend ...

 

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