L’amour pour les engins militaires : Zero pour l’Eternité
Quand j’avais dix ans, j’étais fasciné par le chasseur Zero et je l’ai dessiné tous les jours pendant des mois sans jamais me lasser. Mon cas est certes particulier, mais en lisant Zero pour l’Eternité, je sens que mon enthousiasme de jadis pour le Zero n’est pas encore tari et que le dessinateur de ce manga partage mon goût pour cet avion de chasse japonais emblématique. Zero pour l’Eternité est une adaptation d'un roman de Naoki Hyakuta. Pour en savoir plus sur l'histoire, je vous laisse consulter ici . Cette oeuvre repose sur trois principaux ingrédients : le mystère, le divertissement et le récit de guerre, avec la représentation de l’avion Zero.
Nous parlerons des deux premiers à une autre occasion. Aujourd'hui,nous allons nous intéresser particulièrement au troisième.
Le personnage de Kyuzô Miyabe, pilote de chasseur Zero, est au centre de ce manga, sans apparaître directement, car ce sont les témoignages de son entourage qui tentent de reconstruire son personnage. Grâce à ce procédé l'oeuvre échappe aux clichés sur la guerre, et met en scène le chasseur Zero en évitant toutdiscours politique sur la Second Guerre mondiale. Sô’ichi Sumoto, le dessinateur, avait besoin de ce dispositif pour dessiner cet avion japonais emblématique de manière admirative. Dissocié du contexte historique et politique, le Mitsubishi A6M Zero devient ici, au moins pour le dessinateur et moi (et peut-être pour tous les lecteurs ), un objet de désir.
© 2010 Naoki Hyakuta and Soichi Sumoto / PUBLISHED BY FUTABASHA
Il faut dire que Sumoto a fait un autre manga qui met en scène cet avion, mais dans un registre assez différent. Ce manga est intitulé Ganpapa tô no zerosen shôjo (publié sous le nom de Sôichi Moto), et l’histoire tourne autour d’une petite fille, Asako, fille du gouverneur de l’île Ganpapa (une île imaginaire, bien sûr), qui est fan de Zero et capable de communiquer avec cet avion (!) en le pilotant. Ce manga a été publié dans le magazine Manga Action (le même que Zero pour l’Eternité) de 2007 à 2009.
©2007 Soichi Moto / PUBLISHED BY FUTABASHA
L’idée d'une fille qui pilote un enginmilitaire se trouve aussi dans une anime en cours, Girls und Panzer. Dans cet anime, il y a des tournois de chars dont le conducteur est une jeune fille. Les chars sont tous des modèles apparus avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’attachement des producteurs pour les chars est indéniable, comme en témoigne lareprésentation très détaillée de ceux-ci.
Mais pour parler de ce genre de manga et anime, qui met en scène des engins militaires ayant réellement existé, il y a un auteur emblématique qui ne peut être oublié : il s'agit d'Hayao Miyazaki. Porco Rosso (1992) montre déjà son attachement pour les avions de l'entre deux guerres. Quant à 'l’idée d'une fille qui pilote unavion, elle est partiellement réalisée Nausicaa. Enfin, il a tout fait. Voilà.
Personnellement, j’attends impatiemment le nouveau film de Miyazaki, Kaze Tachinu. L’usine du père du réalisateur fabriquait des pièces de Zero pendant la guerre, et le petit Hayao a vu (et probablement touché) le vrai Zero à la base militaire de Tokorozawa à l’époque. Je suis curieux de voir comment le réalisateur nous montre cet avion emblématique, qui pourrait être une source d'inspiration pour son activité créative.
Dans Zero pour l’Eternité, il y a d’autres avions, comme le bombardier japonais G4M Betty et le chasseur F4F Wildcat, un avion de chasse américain, rival du Zero. Sumoto dessine ces avions avec la même passion et le même niveau de détail que que le Zero. Le réalisme du dessin de ces avions constitue le charme de ce manga au un récit captivant et émouvant.