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Le Blog de Manganist
17 novembre 2012

Le bain public est un lieu de rencontre : Thermae Romae

 

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Les japonais aiment le bain, et je crois que ce sont eux qui l’aiment le plus au monde. Non seulement presque tous les foyers sont équipés de baignoire, mais ils ne se contentent pas de ce bain familial et aiment bien aller au bain public. De plus, au Japon, beaucoup de centres thermaux – les onsen (sources chaudes) – sont aménagés pour accueillir les touristes. Le bain est, à mon avis, une des meilleures parties de la culture japonaise. Et pour moi qui suis japonais, l’idée de se baigner en maillot de bain dans un centre thermal, comme le font les Occidentaux, est impensable et inimaginable...

Reflet de la culture japonaise, le manga se sert parfois du bain comme support du récit. Je vous ai déjà parlé de Love Hina, dont l’histoire se déroule dans une auberge disposant d'une source thermale. L’auteur a apparemment choisi le thème du onsen pour montrer des filles nues, et le fantasme sexuel lié au bain public ou au onsen est un lieu commun de la culture japonaise. Ce que fait Akamatsu n’est donc pas nouveau en soi, mais il a utilisé ce procédé de manière systématique pour en faire un catalogue de filles nues : c’est là la nouveauté de son travail...

Mais mon but ici n’est pas de parler de Love Hina. Il y a un autre manga qui utilise le bain public de manière tout à fait différente. C’est Thermae Romae de Mari Yamazaki, qui est en cours de publication et compte à ce jour quatre tomes en version française (j’ai lu le 5e tome en japonais, mais je me garderai bien de révéler ce qui est inédit en France).

 

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(image :le bain public n’est pas exclusivement réservé aux filles dans le manga...)

Le personnage principal de ce manga, Lucius, est un architecte de la Rome antique. Lorsqu'il se rend aux thermes, il lui arrive d'être aspiré et transporté dans un onsen du Japon actuel, à travers le temps et l’espace. Il voit des choses qui n’existent pas dans sa culture et les interprète d’après ses connaissances de Romain antique. L’effet comique vient de cette confrontation entre deux cultures complètement différentes (à partir du 4e tome, le récit se centre sur l’histoire d’amour entre Lucius et une japonaise, et la tournure de ce manga change un peu).

C’est donc la confrontation de deux cultures qui est au centre du récit, et ce manga joue beaucoup sur l'antinomie :d’abord entre la Rome antique et le Japon actuel, ensuite entre le blanc et le jaune, et finalement entre la 3D et la 2D. Dans ce manga, les japonais sont appelés « les visages plats » (la dessinatrice a vécu longtemps à l’étranger et est mariée à un italien, d’où son regard sur le visage du japonais, qui se rapproche de celui des occidentaux). Peut-être le visage des Romains était-il plus accusé que ceux des japonais, mais la question peut aller plus loin.

Parce que dans ce manga, les visages des romains sont conçus à partir de sculptures romaines (la couverture de ce manga représente une statue romaine antique), qui sont des œuvres d’art en 3D. Même transposées en 2D, le lecteur est bien conscient que le visage de Lucius fait référenceà cette sculpture, tandis que le visage des Japonais n’a pas de référence en 3D. Il n’y a pas de lien direct entre le dessin du visage des Japonais dans le manga et le vrai visage des Japonais. Le visage des Japonais dans Thermae Romae est un signe graphique, un signifiant qui n’a pas vraiment de signifié.

 

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(image : la statue romaine antique rencontre le visage plat)

Moi j’ai certes un visage relativement plat, mais il n'est pas comme celui des Japonais dans ce manga, car j’ai les yeux bridés...

 

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