La femme fatale est en noir et blanc : Utsubora
Depuis quelques années, les dessinatrices issues du domaine de Boys-Love, se mettent à faire des manga non BL, et certaines sont reconnues comme le porte-drapeau de la nouvelle vague du manga des années 2000. Après Fumi Yoshinaga (connue comme l’auteur du Pavillon des hommes), nous pouvons aussi compter Tomoko Yamashita, Haruko Kumota, Esutoemu, et Asumiko Nakamura, l’auteur de Utsubora que je vais vous présenter ici.
L’histoire tourne autour d’un vieil écrivain en panne d’inspiration, et de sa muse, une jolie fille mystérieuse. Son nouveau roman, intitulé « Utsubora » est en fait écrit par cette femme énigmatique. Ensuite, la situation se complique : la jeune femme se suicide (mais on est pas sûr que le cadavre soit vraiment le sien)sa soeur jumelle, qui ressemble vraiment beaucoup à la disparue, fait son apparition...
L’intrigue est donc assez compliquée, et l’oeuvre joue sur ce mystère concernant l’identité et l’intention secrète de cette femme double.
Ce qui est remarquable dans ce manga, c’est que Nakamura ait pu créer ce personnage de femme énigmatique, une figure de femme fatale en manga.
En tant que dessinatrice de manga, Nakamura maîtrise bien les effets de noir et blanc. Le personnage de la femme énigmatique joue beaucoup sur ces effets, son apparence est l'incarnation d'une beauté diabolique. En même temps, elle garde un côté enfantin et une certaine candeur.
(image : tome 1, p.28, 44 et 112 )
Le dessin de Nakamura représente donc, avec les techniques du manga, l’image idéale de la femme fatale, à la fois sensuelle et enfantine. Sa maîtrise des effets de noir et blanc me fait penser à l’illustration de Salomé d’Aubrey Beardsley :
(image)
L’image de la femme énigmatique de ce manga rejoint ici l’illustration d’un artiste anglais du style « fin du siècle ». En fait, ce qui était nécessaire pour créer telle image de femme, c’est la décadence !
A propos, je cherche désespérément ma muse et ma Salomé...