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Le Blog de Manganist
4 janvier 2013

Entre la parodie et le canon du manga shôjo : No Longer Heroine

 

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Heroine Shikkaku (No Longer Heroine) est un manga shôjo en cours, publié dans le magazine Bessatsu Margaret. Pour l’auteur Momoko Kôda, c’est son premier manga qui dépasse le deuxième tome.

L’histoire met en scène Hatori, une fille qui se prend pour une héroïne de manga shôjo. Elle a un ami d’enfance, Rita, dont elle est amoureuse. Elle imagine qu’elle va finir par sortir avec lui, puisqu' elle est une héroïne de manga shôjo. Mais Rita commence à sortir avec une autre fille, moins jolie qu'elle, et cette relation semble durable. Hatori devient jalouse et essaie de se faire reconnaître comme l’héroïne d'une l’histoire d’amour qui l'unirait à Rita...

Il s’agit donc d’un manga shôjo qui parle du manga shôjo. Hatori conçoit le monde comme celui d'un manga shôjo, régi par les codes propres à ce genre. Son imagination est fondée sur ces codes, et l'oeuvre constitue une parodie des manga shôjo existants :

 

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(image : tome 1, p. 17, elle rêve une scène d’amour entre Rita et elle, mais le style de dessin est une parodie d’un shôjo des années 80)

 

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(image : tome 1, p. 149, l’hommage à Attack No.1, le fameux manga shôjo de volleyball des années 60)

De plus, la parodie ne se limite pas au manga shôjo. Beaucoup de vignettes sont des pastiches d'autres manga ou du style de dessin de mangaka qui relèvent d'autres genres , mais qui sont facilement identifiables aux yeux des lecteurs japonais. Je ne peux pas vous énumérer ici toutes ces parodies, mais personnellement je suis assez content de pouvoir les reconnaître. Cela me donne un sentiment de complicité avec l’auteur...

L’univers de No Longer Heroine a donc un côté parodique. L’état d’esprit de l’héroïne ressemble un peu à celui de Don Quichotte, qui a la tête farcie de romans de chevalerie et qui se prend pour un chevalier errant. Mais contrairement à ce dernier, Hatori n’est pas complètement folle. Parce que son point de départ est une désillusion.

L’objet de cette oeuvre n’est donc pas de montrer la folie de l’héroïne, contrairement au roman de Cervantès. Celle-ci est paradoxalement le canon de l’héroïne du manga shôjo, et elle vit son histoire d’amour conformément aux codes de ce genre.

 

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(image : tome 1, p. 110 et 157)

Les références aux manga du passé n'ont pas pour objet de faire un anti- /méta- manga shôjo, mais de créer un univers particulier, où la parodie et l’authenticité se mêlent, se superposent et se croisent.

No Longer Heroine nous montre qu’il n’y a pas d’amour unique, et que toute histoire est une parodie de quelque amour ayant déjà existé, même si le sentiment amoureux que nous éprouvons est authentique. Kôda a donc réussi à faire un manga shôjo qui satisfait à la fois les lectrices qui veulent simplement consommer une histoire d’amour écrite selon les codes du genre, et un lecteur comme moi, qui aime tous les genres de manga et les analyse pour en faire la critique.

 

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Commentaires
A
Bonjour, je suis tombée sur votre blog un peu par hasard et j'avoue que je ne suis pas déçue. J'y reviendrai plus tard.<br /> <br /> Concernant ce manga, je reconnais que l'analyse est bonne mais, peut-être ma connaissance est-elle insuffisante, je trouve que le parti pris original de base -celui de parodier un manga shojo- est complètement tombé à l'eau depuis quelques tomes. La jeune fille qui se veut une héroïne est devenue une héroïne et il me semble que l'auteure a perdu de vue cette parodie qui rendait le manga assez fun au départ. C'est bien dommage à mon avis, car il est devenu un banal shojo comme les autres :/
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