Le Yuri-manga (amour entre filles) et la mise en question de la sexualité
Le Japon est un pays où l’amour homosexuel était relativement tolérée, peut-être à cause de l’absence du tabou judéo-chrétien pour l’homosexualité (maintenant l’amour homosexuel au Japon est quand même assez mal vu, et les homosexuels sont obligé de cacher socialement leur penchant sexuel). Et dans le domaine de manga, traiter le sujet de l’homosexualité n’est pas un tabou, même si la production de manga de ce genre est limitée au niveau commercial.
Il y a donc des mangas qui parlent de l’amour homosexuel masculin et féminin. Ceux qui traitent de l’homosexualité masculine sont appelés les Yaoi et sont plus importants que les Yuri au niveau des publications. Il faudrait consacrer à ce genre de manga un article, mais je me sens pas capable d’en faire pour l’instant et je reporte cela à une autre occasion. Je tiens à préciser ici que ce sont des dessinatrices qui créent dans la grande majorité des cas des mangas homosexuels.
Le manga homosexuel comme un refuge
Au Japon, l’émergence de ce genre de manga homosexuel à partir des années 80 est expliquée par l’influence d’un féminisme désirant s’attaquer à la dominance de l’homme japonais dans l’amour hétérosexuel : le manga homosexuel est considéré comme un refuge pour y échapper.
Ces dessinatrices ont emprunté les personnages de Olivier et Tom ou Saint Seiya pour en faire une histoire d’amour homosexuel.
L’origine de Yuri
Neanmoins, le manga yuri ne découle pas de la tendance yaoi : on considère plutôt que le genre est un descendant des shôjo shôsetsu (romans destinés aux filles dont les personnages pricipaux sont également des jeunes filles) tel que ceux écrits par Nobuko Yoshiya dans les années 30.
Je considère Himitsu no kaidan (1995) de Kita Konno comme étant le premier yuri-manga : l’histoire se déroule dans un pensionat de jeunes filles et le manga se centre sur les sentiments ambigus qu’ont les jeunes filles entre elles dans une ambiance nostalgique.
(Himitsu no kaidan (l'escalier secret), Kita Konno)
Mais, ce qui a déclenché le phénomène de yuri, c’est un shôjo shôsetsu Maria sama ga miteru (1998 et l’adaptation en manga en 2003) d’Oyuki Konno. http://fr.wikipedia.org/wiki/Maria-sama_ga_miteru
Par rapport à Himitsu no kaidan, Maria-sama ga miteru approfondit l’expression amoureuse des personnages, des sentiments de jalousie ou de désir.
(Maria-sama ga miteru, adapté en manga par Satoru Nagasawa)
Après Maria-sama ga miteru
Aujourd’hui, le manga yuri se partage entre deux courants, celui qui se centre sur les sentiments ambigus de jeunes filles à la manière de manga shôjo et celui qui insiste sur l’aboutissement des relations amoureuses à la manière des manga érotiques. Il y a un débat sur la portée du terme yuri entre les lecteurs de manga de ce genre, entre ceux qui ne considère pas comme yuri des oeuvres plus au moins érotiques et ceux qui s’opposent à ce critère discriminatoire.
(Otome cake, Mako Takahashi, 2007)
(Shôjo secte, Ken Kurogane, 2003)