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Le Blog de Manganist
3 juillet 2012

Love Hina e(s)t une déconstruction du personnage (?)

 

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Love Hina est un manga shônen, et est apparu dans l’hébdomadaire Shônen Magazine pendant 3 ans, de 1998 jusqu’à 2001. Donc, l’oeuvre est terminée il y a plus de dix ans, et elle est devenue déjà le canon de genre intitulé Moe-Manga, dont le but est de fournir aux lecteurs masculins adolescents les personnages féminins qu’ils puissent aimer(ou mieux, consommer) à leur façon.

 

Histoire ? Si vous voulez, il y un garçon de 18 ans qui prépare pour les exemens dans le but d’entrer à l’Université de Tokyo (la plus réputée du Pays du soleil levant), à qui est confié un auberge, équipé d’une source thermale, où sont logées une dixaine de filles. Et bien sûr, parmi elles, il y a l’héroine, liée au héros par un souvenir d’enfance...

 

Mais attention, tous ce que je vous ai raconté ne compte pas pour la compréhension de ce manga, parce que ce ne sont que des cadres pour ce manga ‘harem’ et le récit ne s’évolue guère. Et justement, c’est ce cadre qui est essentiel de Love Hina. C’est une utopie, comblée de jeunes filles, le temps s’arrête, et les éléments qui peut menacer la stabilité et l’harmonie de ce monde idéal seront éliminés soigneusement par l’auteur.

 

Ce que l’auteur évite, c’est l’évolution du personnage. Et cela permet de ne pas détériorer l’harmonie entre les filles, toutes amoureuses de Keitaro, le personnage principal (j’ai du regret d’utiliser ce mot de principal). Il n’y a pas de conflit entre les filles pour la conquête de ce pauvre garçon condamné à être aimé d’autant de filles en même temps, parce que le cadre de ce manga dit que Naru est choisie comme l’héroine dès le début. Donc, pas de véritable jalousie qui peut fracasser cette utopie, le fruit du fantasme masculin.

 

Tous les personnages de Love Hina sont des entités statique. Tous les filles se ressemblent au niveau de visage (on peut même parler du clônage), et les traits distinctifs de ces personnages féminins (couleur de cheveux, des yeux, coiffure, etc) servent uniquement à faire un catalogue, et cela ne nous permet nullement de voir une individualité quelconque dans elles.

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Et, si on s’intéresse au personnage de Keitarô, qui est censé être le personnage principal, Love Hina ne se montre même pas comme le bildungsroman de ce garçon., parce que le personnage de celui-ci ne s’évolue non plus, il n’y a que le résultat, l’entrée de Keitarô à l’université de Tokyo et le mariage de celui-ci et Naru dans l’épilogue.

 

Si ce n’est pas Keitarô, qui est le héros, ou plus exactement, qui est le sujet de ce manga extrêmiste ?

 

La réponse, c’est le lecteur. C’est le regard du lecteur qui est au centre de Love Hina. Les filles existent juste pour le lecteur, et non pour Keitarô. Le lecteur se place à la position de voyeur, et il peut mater, autant qu’il veut, les filles en maillot de bain, en short, et ocassionnellement à poil sans avoir la culpabilité. Le lecteur ne s’identifie pas à Keitarô, qui ne fonctionne plus comme le héros, à travers qui le lecteur voit ce monde fictionnel. Ce que consomme le lecteur, ce n’est pas le récit, mais des signes. C’est un produit de l’empire des signes. Roland Barthes en serait content.

 

Love Hina met en cause, en même temps, le récit et le personnage au sens moderne. mais ce ne sera pas le retour au monde symbolique, comme le mythe ou la légende. Il y a quelque chose de nouveau, mais pour l’instant je m’en garde de nommer...

 

Moi, j’aime Kanako et Motoko parmi elles.

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